En marge du café politique organisé le vendredi 6 janvier dans la salle Okapi de l’hôtel Venus à Kinshasa, le secrétariat général du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie(PPRD) a fait une restitution de l’Accord politique du 31 décembre à ses militants. Parmi les orateurs du jour, le professeur Adolphe Lumamu, un des principaux négociateurs du parti présidentiel aux négociations du Centre Interdiocésain et le secrétaire général du PPRD, Henri Mova.
Prenant le premier la parole, l’ancien directeur de cabinet du président de la République a indiqué que « les intérêts supérieurs de la nation et ceux du président Kabila ont été bien défendus face aux intérêts supérieurs de l’argent ». Décortiquant l’Accord de la Saint-Sylvestre chapitre après chapitre, Lumanu Bwana Nsefu a fait noter que dans le Préambule de l’Accord, il n’y a pas eu de désaccord avec le Rassemblement et le Front. « On a posé les principes du respect de la constitution et des lois de la République ainsi que l’objectif des élections apaisées», a-t-il soutenu.
Dans le chapitre 1, poursuit-il, « nous avons tenu à définir les concepts pour éviter tout amalgame notamment avec la notion des parties prenantes. Nous avons rejeté les concepts de période transitoire et de période intérimaire car non-conforme à la constitution. A la place, nous avons opté pour la période préélectorale pour définir la période qui nous sépare de la signature de l’Accord aux futures élections ».
Au chapitre 2 lié au respect de la Constitution et des lois de la République, le représentant du PPRD déclare que le parti a insisté sur le respect des lois également, pas que de la Constitution seulement.
Quant au chapitre 3, sur les institutions et leur fonctionnement, le parti présidentiel a d’abord établi une distinction entre les institutions à mandat électif et les institutions à mandat non électif. « Car nos interlocuteurs voulaient une redistribution des postes en provinces également. Cette distinction a été utile pour démontrer le caractère infaisable de la démarche du Rassemblement, car contraire aux lois de la République, notamment la loi sur la libre administration des provinces. Les gouverneurs étant élus, doivent rester en place. Et ils sont restés ».
« Sur le président de la République, nous les avons mis K.O au 1er round », a dit Lumanu. En clair, appuie-t-il, le président reste en fonction jusqu’à l’élection de son successeur qui doit nécessairement passer par les urnes. « Nous avons fait prévaloir l’article 70, alinéa 2. Le président Kabila reste donc en fonction pas à cause de l’Accord, mais sur base de l’article 70 et de l’arrêt de la cour constitutionnelle » a-t-il martelé.
Concernant le Primature, le professeur Lumanu révèle qu’il y a eu débat entre eux et le Rassemblement qui voulait qu’il soit désigné par le président du Conseil national de suivi de l’Accord, Étienne Tshisekedi, et le cas échéant, démis de ses fonctions à son initiative. « Rien de tout ça n’a été retenu. Le Rassemblement proposera au moins 3 candidats et c’est le président Kabila qui le nommera. Mais là, c’est une longue histoire car il faut d’abord la conclusion de l’Arrangement particulier. C’est ce 2ème accord qui réglera les détails. Ensuite, il faut qu’eux-mêmes (Rassemblement) vident leurs propres contradictions sur la désignation du premier ministre ».
Elections en 2017 : date politique et non technique
Au sujet de la date des élections décidée en décembre 2017, Lumanu est formel : « C’est une date politique et non technique ». Pour lui, « les amis du Rassemblement veulent qu’on les accompagne dans le processus de dédouanement vis-à-vis de la population et de l’opinion. Ils ne doivent pas compter sur nous ! »
A l’en croire, même la date d’avril 2018 contenue dans l’Accord du 18 octobre était politique. « C’était pour des besoins de consommation extérieure, pour nous ménager nos amis de l’opposition » avoue-t-il, en expliquant que lorsque la CENI a été invitée par la CENCO, elle a dit qu’il était impossible d’organiser les élections cette année 2017. « Mais le Rassemblement, pour des besoins de gestion de l’opinion, a maintenu le mois de décembre 2017 pour trois scrutins: présidentiel, législatif et provincial. Nous leur avons concédé cela, mais on n’a pas baissé pavillon » a-t-il clamé, avant de faire noter qu’il y a une incise dans l’Accord qui permet de prolonger la date.
A cet effet, estime ce cadre du PPRD, le Conseil national de suivi de l’Accord(CNSA), la Commission nationale électorale indépendante(CENI) et le gouvernement, peuvent unanimement apprécier le temps nécessaire pour le parachèvement du processus électoral.
Décrispation politique : la balle dans le camp de la CENCO
Point qui a failli bloquer les négociations directes, la décrispation politique a retenu que les cas « Diomi, Katumbi et Muyambo » sont confiés à la Conférence épiscopale nationale du Congo(CENCO). « Le cas Muyambo aurait pu être résolu facilement s’il n’avait pas multiplié les dilatoires. La CENCO ira sûrement voir le président de la République. Qui, à son tour, comme il est respectueux de la constitution et des lois, instruira son ministre de la justice. Ce dernier va s’en remettre aux cours et tribunaux. Ils se sont bloqués eux-mêmes, » a dit Lumanu.
Somme toute, ironise l’ancien ministre, dans la Commission Décrispation, au lieu d’avoir affaire aux négociateurs, ils avaient en face d’eux « des avocats ».
Enfin, Adolphe Lumanu a expliqué que le CNSA que va piloter Étienne Tshisekedi, est un organe d’appui à la démocratie, et rien d’autre, dont les attributions sont le suivi du processus électoral. Il ne fera pas le contrepoids de l’institution président. « Les négociations directes se sont déroulées dans un contexte difficile (pressions internationales, tensions sur le plan interne, etc.). D’où, la Majorité présidentielle a signé sous réserve, notamment pour défaut d’inclusivité de l’Accord ».
La réserve de la MP, revient-il à la charge, c’est aussi parce qu’un point de l’Accord de la CENCO demande au ministre de l’Intérieur de rapporter les arrêtés sur les partis MSR et MLC Libéral. « Cette disposition de l’Accord est contraire aux lois de la République. L’Accord a été majoritairement rédigé par nous et ce sont la plupart de nos thèses qui ont triomphé pour l’intérêt supérieur de la nation » a-t-il conclu.
Primature à l’Opposition : c’est du ‘qui perd, gagne’
Prenant à son tour le relais, le secrétaire général du PPRD, Henri Mova, a déclaré que cet exercice de restitution n’est pas vain car, « il vise à réarmer idéologiquement les membres du parti, la démocratie étant avant tout, un débat d’idées ». C’est grâce à cela que le PPRD tient le haut du pavé, soutient-il.
Concernant l’Accord lui-même, Mova Sakanyi a dit que le camp présidentiel a mis en échec un vent impétueux, commandé de l’extérieur, qui a balayé plusieurs gouvernements. « Nous l’avons mis en échec. Le président Kabila est un grand stratège. La stratégie c’est son dada. Il faut lui faire confiance », a déclaré Mova aux militants du PPRD ».
Selon le patron du PPRD, « la primature à l’opposition n’est pas une faiblesse, c’est le système de qui perd gagne ».
Tchèques Bukasa
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