Entre Kabila et le Rassemblement, c’est désormais la rupture politique.
Qui, hélas, risque d’aggraver une crise sociale d’une ampleur inédite.
Ragaillardi par le succès de la grève générale de ce lundi, le Rassemblement dirigé par Félix Tshisekedi a levé l’option lundi soir de ne pas répondre à l’invitation du président Kabila.
Après une très longue réunion, les opposants de la plus grande plateforme de l’opposition ont considéré que le président Kabila arrivé fin mandat, est le problème.
« Il n’a pas organisé les élections dans le délai constitutionnel. Et donc, il ne peut pas être la solution», explique l’opposant Jean Claude Vuemba, cadre du Rassemblement.
Pour Félix Tshisekedi et son groupe, le président Kabila n’a qu’à appliquer l’Accord en nommant le premier ministre proposé par sa plateforme, et en laisser travailler le président du Conseil national de suivi, qui devra sortir également de son regroupement.
«Toute autre démarche n’est que pure distraction », rappelle un leader G7.
Le refus du camp Félix Tshisekedi de rencontrer Kabila était prévisible après la fin de non recevoir, intervenue plus tôt, réservée à l’invitation présidentielle par la société civile signataire de l’Accord du 31 décembre.
Avec le refus de cette aile du Rassemblement de rencontrer le chef de l’État, la page d’une confrontation musclée s’ouvre de nouveau entre le régime Kabila et le Rassemblement.
On se croirait pendant la période qui avait précédé l’expiration du mandat du président Kabila.
Qui va abdiquer entre les deux camps ? Le bras de fer risque d’être long et peut plonger le pays dans le chaos et la violence.
Et la Majorité risque de brandir le refus du camp Félix Tshisekedi, comme une preuve de mauvaise foi, pour composer avec l’aile Kasavubu du Rassemblement et passer ainsi en force.
C’est le schéma que redoute d’ailleurs le Rassemblement légal et légitime aux yeux des évêques et de la communauté nationale.
Pour ce regroupement, les consultations du président Kabila visent à légitimer son plan de nomination du premier ministre dans les rangs de la dissidence du Rassemblement.
Cette dissidence a dit haut et fort qu’elle était prête à donner 3 noms pour que le président nomme l’un d’eux comme chef du gouvernement.
Ce Plan de Kabila viserait aussi à déposséder le Rassemblement du poste du président du CNSA.
D’où la floraison des candidatures des personnalités qui n’appartiennent même pas au Rassemblement conformément à l’accord.
Le mercredi 5 avril la Nation sera fixée sur les réelles intentions du président Kabila.
Quoiqu’il fasse sa marge de manœuvre est extrêmement réduite.
Communauté internationale à dos, population à bout, inflation, nouvelle rébellion au Kasaï, crise sociale, etc, un cocktail de plus explosif qui doit pousser le président de la République à l’humilité et à se hisser sur le strapontin d’homme d’État, c’est-à-dire celui qui met l’intérêt national au dessus de ses propres intérêts partisans.
Alphonse Muderhwa
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