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Contrairement aux signes d’apaisement enregistrés le dernier week-end, l’impasse vient de s’inviter de nouveau dans les négociations directes entre les signataires et non signataires de l’Accord Politique de la Cité de l’Union Africaine. Alors que le Comité de rédaction composé d’Azarias Ruberwa, Norbert Nkulu, Delly Sessanga et Eve Bazaiba était attendu hier mercredi au Centre Interdiocésain pour présenter la mouture des « convergences » à entériner par le groupe de travail restreint comprenant des délégués de la Majorité Présidentielle et du Rassemblement, les choses sont restées en l’état.


 Selon des sources proches du dossier, les divergences majeures n’ont pas encore été vidées. Ce qui risque de provoquer un « glissement » au-delà du vendredi 30 décembre 2016, date retenue pour la cérémonie solennelle de signature du compromis politique devant sanctionner la fin des pourparlers entre les deux camps politiques. Entre autres sujets de désaccord, on cite la Primature. A ce sujet, la position de la Majorité Présidentielle est que la Primature n’est pas vacante, car occupée par un membre de l’Opposition en la personne de Samy Badibanga. Par conséquent, le Rassemblement n’a qu’à faire connaître ses prétentions en ce qui concerne le partage des ministères. Cette « concession » réalisée dans le cadre de l’Accord du 18 octobre 2016, insiste-t-on, n’est pas négociable.

Le Rassemblement, de son côté, relève que si la question de la Primature était réellement réglée au niveau de la Cité de l’Union Africaine, la Majorité Présidentielle ne serait pas partie prenante aux négociations du Centre Interdiocésain. A propos de « l’Opposition » dont est issu Samy Badibanga, on souligne qu’elle siège au Centre Interdiocésain comme appendice de la famille politique du Chef de l’Etat, qui lui avait d’ailleurs concédé son quota de délégués. D’où, son représentant ne peut être maintenu à la tête du gouvernement au nom du Rassemblement, une « composante » enregistrée par la CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo) comme partenaire appelée à traiter d’égal à égal avec la Majorité Présidentielle et dont l’absence au dialogue d’Edem Kodjo avait ôté à celui-ci tout caractère inclusif, ainsi que l’attestent les pressions internes et externes ayant contraint les « Kabilistes » à revoir leur « copie ».


Signataires et non signataires de l’Accord du 18 octobre 2016 ne s’entendent pas, non plus, au sujet de la restructuration de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) et de la co-gestion des gouvernements provinciaux, tel qu’exigé par le Rassemblement en vue de prévenir les dérives préélectorales et les fraudes électorales.

C’est également le langage des sourds autour des séquences des élections, la Majorité Présidentielle s’en tenant à un « paquet unique » comprenant les scrutins présidentiel, législatifs nationaux et provinciaux à placer fin décembre 2017 et le Rassemblement au schéma de deux séquences, avec la présidentielle et les législatives nationales en septembre 2017, suivies des législatives provinciales trois mois plus tard, c’est-à-dire en décembre 2017. Bien qu’apparemment mineur, l’écart des mois vaut son pesant d’or, car susceptible de favoriser « le glissement » ou le départ anticipé de Joseph Kabila du pouvoir.

S’agissant des mesures de décrispation politique, dont le signal fort devait se traduire par le retour d’exil de Moïse Katumbi, Roger Lumbala et Antipas Mbusa Nyamwisi, ainsi que la sortie de prisons d’Eugène Diomi, Jean-Claude Muyambo et Moni Della, c’est le flou total. Le principe du traitement au cas par cas au sein d’une Commission spéciale de hauts magistrats à mettre en place en janvier 2017 par les soins du ministre de la Justice ne rassure nullement le Rassemblement, qui soupçonne la Majorité Présidentielle de vouloir maintenir le statu quo ante.

La récente mise en accusation du député national Franck Diongo devant la Cour Suprême de Justice ainsi que la levée intempestive des immunités du député provincial Gabriel Kyungu, tous deux membres du Rassemblement, fait penser à un processus de décrispation politique à deux vitesses.

Bref, c’est le grand flou sur la suite des négociations directes entre la Majorité Présidentielle et le Rassemblement, au point que les observateurs sont tentés de croire que des millions de Congolaises et Congolais vont passer la fête de la « Bonana » dans la morosité, en raison des incertitudes du lendemain.

A croire ce qui se raconte dans les milieux des participants au mini-dialogue du Centre Interdiocésain, le staff de la CENCO pourrait entreprendre de nouvelles consultations avec le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, et le président du Comité des Sages du Rassemblement, Etienne Tshisekedi, afin de tenter de les remettre sur la voie du compromis politique. Mais, au vue de la nature des divergences de fond qui les opposent, rien n’est moins sûr.

Kimp

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