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La Cenco ayant bouclé ses consultations, c’est à Luanda que se jouera le dernier round pour négocier l’après-19 décembre 2016. Par deux fois, un émissaire du président José Eduardo Dos Santos a rencontré le président du comité des sages du « Rassemblement». Puissance régionale, l’Angola entend aider la RDC en balisant la voie pour un tête-à-tête, sur son sol, entre le chef de l’Etat, Joseph Kabila, et Etienne Tshisekedi.


Inlassablement, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), poursuit sa mission de bons offices. La nomination d’un tout nouveau Premier ministre, en la personne de Samy Badibanga, n’a donc pas ébranlé sa détermination. La Cenco persévère, confiante de la fin heureuse de sa mission. Dans l’opinion, le simple fait que la nomination du gouvernement Badibanga tire en longueur augure de bonnes perspectives dans la mission du clergé.

Mercredi dernier, la Cenco est allée présenter au président du Comité des sages du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, Etienne Tshisekedi, les conclusions de ses délibérations, après confrontation avec le camp de la Majorité présidentielle. Sur le principe, la Cenco semble avoir dégagé un compromis autour de grandes questions majeures, notamment la gestion collégiale de la transition et le chronogramme du prochain cycle électoral. Au Rassemblement, tous les regards sont rivés sur la randonnée pas comme les autres qu’effectuent les prélats.


LE DERNIER VIRAGE

Repris par le site d’informations actualite.cd, Jean Marc Kabund, secrétaire général de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, confirme les contacts très avancés de part et d’autre. « La CENCO a bouclé tout ce qu’elle faisait comme contact, je crois que la balle est dans son camp; quant à nous, le président Tshisekedi a renouvelé sa confiance en elle parce qu’à cette étape des négociations, une facilitation a toujours intérêt à évaluer ou à recueillir la confiance de deux parties (…). Et la suite, c’est maintenant un face-à-face dans des pourparlers directs », a-t-il déclaré.

Pendant ce temps, l’Angola, qui assume la présidence de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs), s’est investi à fond pour rapprocher les deux camps protagonistes de la crise congolaise, à savoir d’un côté, la Majorité présidentielle (MP), et de l’autre, le Rassemblement.

L’on se rappelle que, juste après le sommet extraordinaire de la CIRGL à Luanda, le 26 octobre 2016, le président José Eduardo Dos Santos avait délégué auprès d’Etienne Tshisekedi son ministre des Affaires étrangères. Rien n’avait filtré de cette rencontre.

Mais, après le communiqué laconique du sommet de la CIRGL, Luanda s’est lancé dans une diplomatie parallèle pour convaincre notamment le Rassemblement et le président de son comité des sages à adhérer au principe d’un rapprochement avec la MP. Mercredi 29 novembre 2016, le même émissaire du président angolais a été encore aperçu au QG du Rassemblement dans la commune de Limete.

Qu’est-ce à dire ? Luanda, fort de son poids dans la région des Grands Lacs, et s’appuyant sur son statut de président, de la CIRGL, tient à jouer un rôle majeur dans la démarche concertée visant à éviter le chaos en RDC. Il aurait reçu mission, se dit-on, de la communauté internationale pour agir dans ce sens.

Personne n’entend laisser pourrir la situation en RDC au 19 décembre 2016. La communauté internationale tente d’anticiper en imposant aux principaux protagonistes un comportement conciliant. Celle-ci leur demande de regarder, sans faux fuyants, voir la réalité en face. Qui gagnerait dans la violence de grande envergure qui se profile à l’horizon ? Réponse personne Aussi est-il demandé au président Joseph Kabila de laisser atterrir les négociations engagées par la CENCO, alors qu’au même moment de fortes pressions sont exercées sur Etienne Tshisekedi afin qu’il mette de l’eau dans son vin et permette un passage apaisé à la date du 19 décembre 2016.

Les Etats-Unis s’étaient clairement exprimés là-dessus. L’Union européenne qui s’est aussi inscrite dans ce schéma vient de répercuter le même message par la voie du chef de sa diplomatie, l’Italienne Federica Mogherini.

Dans la capitale angolaise, ça bouge dans le même sens. Luanda est prêt à abriter un tête-à-tête Joseph Kabila et Tshisekedi. Le vice-ministre angolais des Affaires étrangères, qui a effectué mercredi un aller-retour Luanda-Kinshasa, a déposé des invitations à toutes les personnes concernées par des discussions directes entre la MP et le Rassemblement.

Selon des indiscrétions, l’Angola compte réserver à cette rencontre une solennité à la hauteur de l’enjeu. Kabila et Tshisekedi en tête-à-tête serait un grand événement et un cadeau de fin d’année pour la paix en RDC.

Si de Limete rien ne filtre, à la Cenco, la loi du silence adoptée dès le début laisse présager de bons augures dans la mesure où si rien n’allait dans le bon sens, les évêques se seraient déjà rétractés en jetant l’éponge. En outre, le suspense entretenu autour de la nomination du gouvernement Samy Badibanga alimente davantage la chronique. Il y a quelque chose qui se négocie entre Kinshasa et Luanda, se dit-on dans tous les milieux huppés.

UN RENDEZ-VOUS CRUCIAL

Un face-à-face Kabila – Tshisekedi est imminent. Brazzaville n’est pas allé loin de ce rendez-vous, présenté comme celui de la dernière chance. L’accord politique du 18 octobre 2016 n’ayant pas pu apporter une réponse efficace à la crise, c’est à Luanda que les deux ténors de la crise congolaise s’apprêtent à poser les jalons d’une transition apaisée après le 19 décembre 2016.

Entre la MP et le Rassemblement, des signes de méfiance, qui ont longtemps plombé les discussions directes, semblent avoir été dissipés. Ce à quoi a travaillé durement la CENCO. Apparemment, les deux camps regardent dans la même direction – ou presque. Chacun a perçu le danger d’atteindre la date fatidique du 19 décembre 2016 sans un accord accepté par tous.

Quelles en seront alors les conséquences sur l’accord politique signé le 18 octobre 2016 à la cité de l’UA? Faudra-t-il y mettre déjà une croix ? De toute façon, le Rassemblement, qui n’a jamais adhéré à la dynamique de la cité de l’UA, n’entend pas avaliser cet accord moyennant quelques amendements, comme le propose la MR On sait qu’au terme de ses consultations, la Cenco a pu dégager un autre format d’accord, plus que conciliant que celui du 18 octobre 2016.

Sans doute, c’est sur la. base de cette mouture que Kabila et Tshisekedi se retrouveront très bientôt à Luanda pour jeter les bases d’une transition, la plus courte possible et devant garantir l’organisation, dans un bref délai, des élections apaisées dans le strict respect de la Constitution.

Il est attendu de ce tête-à-tête historique Kabila – Tshisekedi à Luanda une fumée blanche qui fasse disparaître le spectre d’un 19 décembre apocalytique.

Par LE POTENTIEL

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