L’année 2017 s’annonce dure dans certains quartiers de Kinshasa. La pluie diluvienne, qui a arrosé la capitale dans la soirée du vendredi 6 janvier dernier a causé d’importants dégâts matériels. Conséquence, des nombreuses familles victimes des inondations causées par ces averses continuent jusqu’à présent à passer nuit à la belle étoile.
Des routes impraticables, des glissements de terrain, des maisons écroulées, des érosions béantes déclarées, des ponts jetés sur certaines rivières détruits et des inondations causant des pertes des biens dans beaucoup de famille. Tel est le tableau sombre quoiqu’indicatif des dégâts matériels et environnementaux enregistrés à la suite de la pluie du vendredi 6 janvier à Kinshasa.
De quoi fournir matière à s’interroger sur ce qu’adviendra la ville de Kinshasa pendant les fortes pluies du mois d’avril prochain. Pas question de détenir une qualification en sciences naturelles pour se rendre compte des enjeux environnementaux auxquels cette mégapole de plus de 10 millions d’habitants va être confrontée dans l’avenir si on y prend pas garde.
D’autant que la pluie du vendredi dernier en dit long sur l’état dans lequel se trouvent les caniveaux et autres voies d’écoulement d’eaux souterraines de la ville province de Kinshasa.
Des lacs artificiels se sont créés sur les avenues du Commerce, des Huilleries, et sur l’avenue Rochereau Tabuley. Le même constat est fait sur les directions Wangata, du marché, Bokasa… Surpris par cette pluie dont les premières gouttes ont commencé à tomber aux environs de 17 heures, certaines personnes revenant du travail et des activités commerciales se sont vues embarrassées au sortir des endroits où ils se sont abrités.
QUAND LE MALHEUR DES UNS FAIT LE BONHEUR DES AUTRES
Ces victimes de la pluie se sont vus devant une alternative, d’autant qu’ils avaient le choix à faire entre patauger dans les eaux boueuses et se faire porter par le dos des jeunes gens qui se disputent les clients tel dans un marché à forte concurrence, moyennant paiement.
Au quartier Debonhome dans la commune de Matete, comme au quartier Salongo à Limete, plusieurs ménages ont été inondés par les eaux de la rivière N’Djili qui avaient débordés de son lit. Des familles abordées se plaignent d’avoir perdu l’argent liquide, des appareils électroménagers, objets classiques pour les enfants et autres documents importants.
Des scénarios similaires se sont produits à Masina, dans les quartiers Petro-Congo, Mapela et quartier III, où des maisons se sont écroulées, des toitures emportées par le vent. Heureusement qu’aucune perte en vie humaine n’y a été signalée.
Dans les communes de Ngaliema, Mont-Ngafula, Kimbanseke et Kisenso, des Inondations et quelques cas d’affaissement de terre ont été signalés. La terre jaune trainée par le courant d’eau a réussi à enterrer à moitié plusieurs maisons dans ces municipalités.
« Je suis veuve. Je vis avec mes petits-enfants. Je n’ai personne pour m’aider. Maintenant que l’inondation vient de faire périr ma maison, seul bien que j’ai hérité de mon défunt mari, nous n’avons où dormir », se plaint une femme maraichère, victime d’une inondation au quartier Sanga-Mamba à Ngaliema.
L’UNIKIN EN PROIE A DES EROSIONS
Coté Université de Kinshasa, des érosions béantes se sont déclarées derrière le CNPP et au niveau du plateau des professeurs de cet établissement universitaire.
Les résidences estudiantines ne sont pas en reste. Plusieurs érosions se sont créées dans les environs des Homes X, XX, XXX, et Vatican. A cela s’ajoute des têtes d’érosions qui sont actuellement à portée de vue le long des routes de ce haut lieu du savoir.
Mutatis mutandis, des spécialistes abordés estiment que ces érosions qui gangrènent actuellement le site de l’université de Kinshasa sont provoquées par la détérioration des voies d’évacuation d’eaux longeant la voirie de la « colline inspirée ».
Des observateurs avertis invitent le ministère des affaires sociales à voler au secours de toutes ces familles sinistrées et en appellent à la synergie des ministères concernés en vue d’une solution globale visant à combattre les dégâts naturels causés par les fortes pluies à travers le pays. Une solution qui doit forcément passer par le curage régulier des niveaux et rivières.
NECESSITE DE CURAGE REGULIER DES CANIVEAUX ET RIVIERES
Ingénieure géomètre topographe de l’Institut de bâtiment et travaux publics, Landry Mayemba attribue ces inondations dont certains quartiers de Kinshasa sont victimes à chaque pluie abondante à l’absence d’une politique de curage régulier des caniveaux et ruisseaux qui serpentent « Kin-la-belle ».
« Du centre-ville, aux quartiers périphériques de Kinshasa, les inondations enregistrées le vendredi dernier ont en majeure partie été provoquées par les eaux renvoyées par les caniveaux et rivières bouchés. Ces collecteurs n’ont pas pu assurer l’écoulement des eaux de pluie. Nonobstant, la part de responsabilité de la population qui fait de ces canaux d’eaux ses dépotoirs, je crois qu’il appartient au gouvernement d’en assurer un entretien régulier », a-t-il indiqué
Qu’a-t-il été des quartiers les moins urbanisés de la capitale congolaise à la suite de cette pluie du 6 janvier dernier, du moment où même le centre-ville de cette mégapole n’avait pas été épargné ? Poser cette question c’est déjà y répondre.
Orly-Darel NGIAMBUKULU
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